Le pire ennemi du cycliste, c'est le vent. Le vent qui freine, le vent qui use. Le vent qui vous fait marcher à côté du vélo dans les montées et même sur le plat, le vent qui vous fait pédaler dans les descentes. Alors quand la pluie s'en mêle, vous fouettant le visage puisqu'elle tombe à l'horizontale, c'est la cata. À cela s'ajoute l'affreuse monotonie de la route, une ligne droite sans fin entourée de deux plaines uniformes, entourées par des montagnes voilées par la grisaille. À 20h, j'ai parcouru seulement 44 kms, et je suis encore à 25 kms de mon objectif, tellement épuisé que ma progression a fini par chuter à 3 km/h. Je n'ai pas prévu de bivouaquer ce jour-là, et du coup je n'ai pas emmené des réserves d'eau suffisantes. Plus qu'une solution : l'auto-stop. C'est un gentil couple de Néerlandais qui s'arrêtent et qui m'embarquent avec Sleipnir, me conduisant jusqu'au camping de Laugarvatn où ils logent aussi, me faisant gagner près de 30 kms sur mon étape du lendemain. Je crois que jamais je n'ai autant mis mes limites et mon mental à l'épreuve.